Une observation plus attentive ne fait que confirmer l'oiseau visible comme porteur de messages et véhicule des sens. Ainsi, quand l'oiseau est figuré (lames III, l'Impératrice, et IIII, l'Empereur), on a à faire à des personnages de pouvoir qui s'en servent comme signe de reconnaissance en l'inscrivant sur leur blason.

D'une part, la reconnaissance, nous évoque une connaissance qui doit être redite, répétée. En d'autres termes, la reconnaissance, c'est une connaissance redécouverte, et les blasons deviennent instruments pour découvrir du connu. D'autre part, en tant que support d'un symbole destiné à être reconnu, le blason devient support de lecture.

Donné à lire, l'oiseau devient élément de communication, langage. Ses deux premières apparitions se posent alors clairement comme une allusion à un langage par les oiseaux, à la langue des oiseaux.

Les plumes figurées, à lire sur les blasons, deviennent la plume au figuré, l'écrit. De cette manière l'oiseau et ses plumes sont directement mis, dès le départ, en relation avec l'écrit, moyen évident pour le Tarot de nous signifier les cris d'oiseaux dans la vision de la plume.

En outre, ces blasons sont couleur chair, couleur de l'être. La plume figurée sur la couleur de l'être, on ne saurait être plus explicite pour annoncer la couleur : la plume, une forme de l'être (l'aigle) par dessus une autre forme de l'être (la chair du blason). Ce qu'il nous faut alors reconnaître par les blasons, c'est la relecture de la plume par les plumes, la lecture en langue des oiseaux.

Cette identification de l'être qui détient le pouvoir (Impératrice ou Empereur), par la plume figurée, nous incite à reconnaître le pouvoir de l'être. Qui plus est, le blason masquant dans les deux cas une partie de l'être (bras de l'Impératrice et cuisse de l'Empereur), c'est plus exactement reconnaître le pouvoir de lettres derrière la plume qui nous est suggéré.

Dans le même ordre d'idée, les deux premières illustrations de la créature ailée s'accompagnant d'une "double version du pouvoir" (féminine et masculine, l'Impératrice et l'Empereur), sous-entendent fortement, un "pouvoir de double version" accompagnant la plume. Le pouvoir de double version du langage des plumes, c'est bien sûr l'officieux derrière l'officiel, l'invisible à découvrir au delà des apparences en l'être, et en lettres.