Avec ce procédé, un regard nouveau sur ce qui est apparemment connu se dessine ainsi sous nos yeux. Pourquoi ne pas l'appliquer à quelques exemples dans l'écrit, pour à travers la littérature en tester la validité ? Pour se faire, nous nous intéresseront à deux auteurs célèbres, et non des moindres, ayant signé leurs œuvres sous un pseudonyme. Pourquoi ce choix ? Tout simplement parce que le pseudonyme n'est qu'une fausse identité de l'être, et que donc il tait l'être réel, cachent lettres réelles. Les vraies lettres dissimulées, voilà qui rejoint un des principes de la langue des oiseaux.

On citera ainsi deux auteurs, Voltaire et Molière, qui ont choisi un pseudonyme pour signer leur plume. Le choix d'un pseudonyme montre le désir de rester occulte, de taire l'être réel au profit d'une autre apparence en lettres. C'est une autre façon de se définir comme "clerc de la lune". La symbolique du pseudonyme va plus loin quand on y ajoute la langue des oiseaux. En quelque sorte, le pseudonyme enlève lettres initiales (le vrai nom) de l'auteur. Le pseudonyme s'entend alors comme ce qui "enlève lettre initiale de Hauteur pour désigner l'auteur". Autrement dit, c'est un moyen pour prendre de la Hauteur en se cachant derrière un nom d'auteur !

Remplaçant "lettres de l'auteur" et taisant "lettres réelles", le pseudonyme semble s'accorder tout à fait dans le principe avec une lecture par "l'être de l'hauteur", l'oiseau. Les points communs dans la motivations semblent suffisamment proches pour admettre une telle lecture comme fondée. Par nos propositions, nous ne cherchons pas à détruire le travail des exégètes, et n'irons pas jusqu'à affirmer ces inspirations comme certaines. Cependant, elles sont une partie du "ça voir en lettres" et, ne serait ce qu'à ce titre, ne sauraient être entièrement écartées.

De cette manière, on peut s'autoriser à entendre Voltaire en "Vol taire"; le vol qui est tu, sera bien sûr celui des oiseaux, ou celui de la pie, le vol des sens. A moins que notre entendement ne saisisse plutôt "Vol Terre". Auquel cas, la Terre semble s'envoler derrière les mots, ce qui, on le sait, est le propre de la langue des oiseaux. Peut-être s'agit-il, ici aussi, du "vol" propre aux voleurs et à la pie. "Vol Terre" nous parle alors d'un Monde dérobé (toujours à entendre dans le même sens qu'une porte dérobée).

Quant à Molière, nous l'entendrons "Mots lient air". Cet auteur nous montre alors comment les mots se relient à ce qui est en haut mais aussi à ce qui est en chant (l'air). Il rejoint alors entièrement notre approche "lie Terre Air" du Tarot par l'initiation en lettres, mais aussi s'inscrit dans la droite logique du pseudonyme, rejoindre "l'Hauteur" en supprimant lettres initiales de l'auteur.

On peut tout autant l'entendre "Mot lit air". Auquel cas, l'auteur nous fait part d'une lecture en l'air (toujours en auteur) derrière le mot premier (dans "Mot lit air", mot est placé en premier, et air est derrière l'action de lecture, derrière le verbe lire). Cet écrivain semble être un adepte fidèle de la langue des oiseaux. Citons, par exemple, "les femmes savantes", pièce critique de Molière sur le faux savoir et la préciosité, ou autrement dit sur ce qu'il nous "faut savoir sur le précieux", sur ce qui donne de la valeur à l'être.

Cette œuvre met en scène des personnages dont le nom est directement inspiré par la langue des oiseaux. Ainsi de "Trissotin", signifiant en réalité "trois fois sot comme l'abbé Cotin" (l'abbé Cotin, représentait pour Molière la préciosité incarnée en l'être). La construction du terme n'est pas sans nous rappeler celle d'Hermès Trismégiste (trois fois le grand), ce qui tend à montrer que Molière connaissait les écrits ésotériques.

De même, le personnage de "Géronte" apparaît souvent comme celui qui "gère (sa) honte", la langue des oiseaux semble à nouveau inspirer le nom du personnage.

Quant à "Bélise", celle qui voit des clochers sur la lune, ce qui est une certaine façon de résonner (les cloches) dans l'obscurité (la lune), on peut penser qu'elle se présente comme "l'être qui raisonne de manière obscure". Et quant à "lettres qui résonnent dans l'obscur" son appellation est édifiante. En effet, son nom et son rôle sont si proche de la "bêtise", qu'on la comprend facilement comme "la bêtise, sans T, avec L" (dans"Bélise", un L remplace le T de "bêtise"), ou autrement entendu "la bêtise santé, avec elle". Ce qui nous fait comprendre qu'avec elle, la bêtise apparaît en pleine santé, motive pleinement le personnage.

Si "Bélise" témoigne vraiment de la bêtise, cela est visible encore autrement, ce qui ne fait que confirmer l'hypothèse et démontre la force du jeu de lettres utilisé par "mots lient air". En effet, "Bélise", c'est aussi "Bêtise, T moins, avec L", soit "Bêtise témoin avec elle". Avec Bélise, nous sommes vraiment témoin de la bêtise, puisque nous pouvons la lire de deux façons (témoin, santé) et que le personnage en témoigne une forte incarnation.

Ces deux exemples illustrent à merveille la magie de la langue des oiseaux, qui est d'aller au-delà des apparences en l'être pour rejoindre la totalité dans l'essence. Citons d'autres auteurs qui ont fait usage du procédé, mais sans toutefois se cacher derrière un nom de plume.

Emile Zola, par exemple, ne l'a pas dédaigné, en appelant "Henriette" un de ses personnages, charcutière de son état, qu'il décrit lui-même comme légèrement "empâtée". Cette charcutière qui est à la fois "en rillettes" et "en pâté", à n'en nul douter constitue bien un "mets" qui, s'il n'est pas forcément sage permet au moins de nourrir notre sens de l'humour.

De même, certains exégètes se sont intéressés aux nombreux noms et prénoms se terminant par le son "air" dans l'œuvre de Marcel Proust (Cambremer, Albert, Pierre, Robert, Gilberte,...). Ils y voient une résurgence du traumatisme asthmatique de l'auteur. Pour se libérer de ses souvenirs d'étouffement, du manque d'air ressenti pendant l'enfance, Proust aurait ainsi introduit de l'air à tout va dans son œuvre (ventilant ainsi ces textes par des motivations obscures liées à l'inspiration et à la libération dans l'air).

Tout cela nous montre bien à quel point la littérature ne peut être que la partie visible d'un iceberg du Savoir. Avec la langue des oiseaux, le "littéraire" prend un aspect nouveau. Comme par magie, une partie emerge de l'occulte pour être éclairée par une inspiration en hauteur, libre de la pesanteur, libre de l'attachement aux corps de lettres. Le procédé de la langue des oiseaux nous parait désormais largement ancré et "encré" dans les écrits.