"Mon ami pie héraut."

Attardons sur chacun des termes pour bien comprendre le message. Pour commencer, la référence à la pie n'est pas innocente, puisque cet animal est réputé pour voler (dérober). La pie, "un oiseau qui vole", on le voit l'idée de ce qui aérien est accentuée par le choix de cet oiseau (le voleur des volants). Or nous savons que la langue des oiseaux, est une certaine manière de voler le sens des mots. La pie commence à parler !

Continuons dans l'éloquence induite par cet oiseau avec l'expression "bavard comme une pie", pour se rendre compte de la propension à converser qui émane de cette créature. En tous cas, avec le bavardage des pies nous sommes bien dans le parler des oiseaux. Bavarde, la pie va se le montrer encore plus. Le franc-jeu ne nous laisse pas en reste avec ces ailes.

Citons ainsi l'expression "trouver la pie dans son nid" (en l'occurrence nous ne l'avons pas trouvé dans son nid, mais dans sa nuit, par le clair de lune) pour montrer là "une découverte d'importance". La découverte importante, en l'occurrence, c'est bien sûr la référence à la langue des plumes et au vol des sens (les sens dérobés, à entendre comme des portes dérobées vers le "pas sage").

La faculté de la pie à s'exprimer ne fait plus de doute, reste à savoir de qu'elle façon elle s'exprime. Si comme la plupart des oiseaux elle chante, particulièrement, elle jase. Or le verbe "jaser" est défini (au sens figuré, par la plume au figuré) comme "parler avec indiscrétion de ce qu'on devrait taire". Le langage de la pie devient extrêmement clair, ce qu'on devrait taire, c'est le "secret" ! La pie qui jase devient celle qui révèle le "se crée" !

Visiblement non seulement cet oiseau est enclin à la parole à plus d'un titre, mais en plus ses liens avec l'occulte se précisent. En dérobant, il rend occulte, en jasant, il dévoile l'occulte. En résumé, la pie est l'être de plume au double sens dans l'occulte (occulter, dévoiler).

Ce double sens la pie le véhicule en toute extériorité, elle qui est à la fois blanche et noir. La couleur pie qui désigne cette association de l'ombre (noir) et de la lumière (blanc), nous montre qu'avec cet oiseau, l'air (la chanson, mais aussi l'élément propre à la pie) annonce la couleur : un jeu des lumières dans l'ombre, un sens officiel en plein jour (blanc) et un sens officieux dans la nuit (noir).

Le ou les alchimistes qui l'ont choisi comme ambassadeur des oiseaux pour parler de leur langage savait incontestablement ce qu'ils faisaient. Pour conclure sur le terme, attardons nous sur un dernier sens de "pie" : "pieux, charitable". Par celui-ci, on peut supposer que le message ne s'adresse pas à des personnes non charitables, la pie livre des secrets, mais n'est bavarde qu'avec des pieux (qu'avec des pies, des semblables, des confrères).