"Au clerc de la Lune"

Le premier vers dans sa version classique (Au clair de la lune) nous indique que ce qui va suivre est en fait un éclairage dans l'obscurité, qui plus est apporté par un astre, c'est à dire venant du haut, du cosmique. S'éclairer dans l'ombre en s'inspirant de ce qui vient du haut, cette phrase anodine semble bien cacher une incitation à l'initiation.

Avec notre connaissance de la langue des oiseaux le clair de la lune, se comprend maintenant aisément comme "éclairage par le haut", "éclairage parle haut". Nous voici ainsi prévenus que des lumières sont accessibles à l'entendement et s'annoncent clairement, puisqu'elles "parlent haut" et donc à "haute voix".

Quant à la version des oiseaux, elle nous présente un clerc venant de la lune. Le clerc se définit comme "personne qui est rentré dans l'état ecclésiastique", nous sommes donc en présence d'un personnage animé par l'inspiration du divin. En cela, il n'est pas étranger au frère Convers et à certaines motivations du Tarot (les "pas sages" des "pas de vices").

Le clerc est aussi défini comme une personne instruite et le Petit Robert en donne comme synonyme :"lettré, savant". Assurément, le clerc véhicule la notion de "savoir dans les lettres" ou encore de "ça voir dans les lettres", nous sommes bien au cœur de la langue des oiseaux avec ce savant lettré.

Ajoutons encore ce dernier sens du mot clerc pour en saisir toute la pertinence : "Employé des études d'officiers publics ou ministériels". Cela nous montre la charge importante de ce personnage et sa propension à l'étude (comme un grimaud), mais on pourra modifier légèrement la définition officielle pour en faire "un employé des études officieuses". D'ailleurs, que ce clerc soit "de la Lune" nous montre bien son coté obscur sinon occulte, caché derrière la version publique et officielle (claire). Sa lecture nous montre qu'il nécessite un éclairage qu'il apporte lui-même par un double sens (le clair de la lune qui vient éclairer le clerc obscur).

Notons, pour finir sur ce vers, l'éventuel entendement en "Eau claire de la lune", que l'on comprendra alors comme la possibilité de se baigner (eau) dans la limpidité (claire) malgré l'obscurité (de la lune). Sur ce point on remarquera que le Tarot accompagne sa présentation de la Lune (XVIII) de la plus grande étendue d'eau visible dans le jeu. A savoir, un bassin propre à la baignade, et dont l'eau est si claire qu'on peut y voir par transparence une écrevisse.

Voilà un premier rapprochement entre les deux supports, et nous en découvrirons d'autres par la suite. L'inspiration qui a présidé à ces deux œuvres serait-elle là même ? En tous cas on supposera dès maintenant que le Tarot de Marseille connaît la chanson, et même le "chant son", les liens découverts peuvent alors se comprendre comme autant de références à ce chant codé, notice explicative de la méthode pour entendre le Savoir.