Si l'on peut encore avoir quelques doutes quant à la pertinence de la langue des oiseaux dans l'approche du jeu, le Tarot de Marseille va définitivement les lever. Le Tarot nous a largement mis la puce à l'oreille quant à l'entendement particulier et à la vision au delà des sens qui le caractérise. Mais cela n'est qu'un début.

Le jeu s'exprime bien autrement et, sans même sortir de sa boîte, sait se faire reconnaître par les initiés. Nous savons que le Tarot est un outil à main pour former "le pas de vices", et cette idée d'apprentissage ne va être que confirmée par les personnes ayant trait à l'œuvre.

Prenons, pour commencer, le nom de la maison d'édition diffusant la version du jeu qui nous intéresse : les éditions Grimaud. Ne faut-il pas entendre "Grimaud" comme "grime mots", c'est à dire comme celui qui déguise les mots (d'où le besoin d'aiguiser les lames pour en enlever ce qui déguise), ce que fait le procédé de la langue des oiseaux.

On peut même prendre directement le véritable sens du mot Grimaud, qui correspond à un nom commun du langage franc. Le dictionnaire définit ce dernier comme "Ecolier des petites classes, élève ignorant". On découvre ainsi l'existence d'une école, d'un lieu de transmission du Savoir. Le petit écolier ignorant, c'est bien sûr le Tarologue en début d'initiation, à moins que Grimaud, "l'élève ignorant" devienne par une légère rectification ce qui "élève l'ignorant", ce qui par le Tarot va faire du "pas de vices".

Notons aussi qu'une anagramme d'"éditeur" est "étudier", et l'éditeur Grimaud, se transforme alors en "étudier les mots grimés". Est-ce si étonnant de trouver une allusion à des études derrière l'éditeur ? Certainement pas, puisque nous savons que le grimaud est dans une petite école ! Enfin, selon un dernier sens "grimaud", signifie également "un mauvais écrivain".

Or les éditions Grimaud peuvent vraiment nous paraître comme tel (cependant au service d'une bonne lecture), puisque ce qui est écrit dans le Tarot, n'est, à travers la langue des oiseaux, pas ce qui doit être entendu. Le meilleur exemple nous étant donné d'entrée de jeu par "le Bateleur" qu'il nous faut entendre"le bas te leurre". S'il est mauvais écrivain en lettres, le Grimaud du Tarot de Marseille apparaît au contraire, ne serait ce que par cette affirmation première de l'illusion, faire école dans l'au-delà de lettres !