Si la lame en particulier, véhicule déjà en double sens que doit-il en être de 78 doubles sens réunis ? Le jeu de lames pris dans son ensemble se montre-t-il aussi probant comme véhicule dans les sens ? Par le langage franc, celui qui porte la vérité (franc, sans arrières pensées), le nom de "Tarot" donné au jeu s'accorde en tous cas d'une certaine pertinence.

En effet, on peut définir le Tarot de Marseille comme un enseignement de sagesse, un instrument destiné à transformé l'être en sage. Or si nous regardons dans un dictionnaire le sens du mot "taraud" remontant aux années 1550 (tout comme Tarot) nous lisons : "Outil à main servant à faire des pas de vis". L'entendement de "Tarot" en "taraud" devient alors flagrant !

Jeu de cartes impliquant une manipulation (suggérée par le Bateleur, illusionniste de la première lame, et manipulateur de première) et un travail (initiation), le Tarot devient "outil à main". Quant au sage, c'est bien celui qui n'a "pas de vices". La manipulation du Tarot ("outil à main") comme formant le sage ("servant à faire des pas de vices"), on le voit, dans l'au-delà de lettres, franchement, il n'y a plus de différences, entre Tarot et taraud !

Pouvait-on être plus explicite pour suggérer le double sens permanent propre au jeu ?. Ces "pas de vices" formés par le Tarot deviendraient alors sages comme des images, aussi sages que les images de Tarot ! En outre, nous connaissons un des moyens du Tarot pour former le sage, faire le pas de vices : c'est l'alimentation en "mets sages" qui va permettre à l'esprit de connaître les "secrets" du jeu, de se tarauder.

Au demeurant, le Tarot en nommant de manière "au culte" plusieurs de ses étapes (Papesse, Pape, Hermite, Diable, Jugement), ne nous montre-t-il pas plusieurs "sages" et plusieurs "pas"(étapes, ou allure avec l'Hermite en marche). Le jeu va même plus loin car il englobe aussi la notion de "pas sage" avec le Pendu, assimilable à un condamné puni pour ses mauvais actes

Certains maintenant de manipuler une forme de "taraud", nous voici alors en train de "tarauder", avec ce jeu de lames. Or, le verbe tarauder (1690), signifie creuser, percer une matière dure. Ne dit-on pas également percer un secret, un mystère ? Un mystère, cela se nomme aussi un arcane. Or le terme d'arcane, nous le savons, désigne aussi les lames du Tarot. Nous savons aussi que le même son qui nous à fait retrouver le taraud sert aussi à percer "l'enseigne ment" de certains "se crée" : "le Bas te leurres, l'air mythe, Temps errance, L'âme est son Dieu".

Percer la matière, c'est aussi la vaincre. La formation du "pas de vices" par le Tarot c'est aussi l'apprentissage pour surmonter la satisfaction matérialiste, pour un au-delà des apparences. Dans le même genre d'idée, on peut être taraudé par sa conscience. Ici, on le sait, il s'agit plutôt de tarauder sa conscience (et de découvrir lames). Les rôles sont inversés, le Tarologue recherche la maîtrise de l'esprit, la conscience n'est plus un ennemi, car elle est guidée (comme une vis dans un pas de vis).

Le Tarot instrument pour percer la matière, guide pour se creuser la cervelle dans la recherche du "pas de vice", voilà ce que nous apprend l'usage de la langue, ce qu'enseigne le son sorti du franc. On pourra d'ailleurs rapprocher ce Tarot entendu "taraud", du "Tarau" mentionné par Rabelais, jeu de cartes fort prisé de ses personnages, ce qui ne fera qu'accentuer l'ancienneté reconnue de cet outil hors du temps.