Si des motivations et un discours occultes ne font plus de doutes, nous allons voir maintenant que le jeu de Tarot de Marseille des éditions Grimaud se présente en toute clarté comme instrument pour initiés et pour initier.

On appelle une carte de Tarot une lame, car à l'origine, les dessins étaient gravés sur des lames de bois et reproduits par xylographie. Cependant, c'était le cas pour tous les jeux de cartes, mais seul le Tarot a gardé cette appellation ancienne. On verra là une caractéristique du jeu pour affirmer à la fois son ancienneté, son authenticité et son immuabilité.

Surtout, ce nom de lames, caractéristique des cartes du Tarot de Marseille, par la langue des oiseaux se montre fortement approprié au jeu. Tout d'abord on peut entendre "lame" comme "l'âme". Quoique de plus normal dans un discours de sagesse et de spiritualité visant à faire renouer l'individu avec les profondeurs de son âme. On peut également s'attarder sur le sens de lame, définie par le Petit Robert comme "ondulations de la mer". Dans ce cas, on constate alors une référence au mouvement des ondes (ondulations) de l'eau (la mer). On entendra "l'eau" comme "l'Haut" pour comprendre que le Tarot, à travers ses lames, nous parle des "ondes venant de l'Haut", et même si l'on entend "mer" en "mère", des ondes en provenance de "la mère" universelle.

Par ailleurs, une lame s'aiguise, or ne dit-on pas également aiguiser ses sens ou sa perspicacité. La lame de Tarot nous propose ainsi "d'aiguiser les sens" et, sans aucun doute, "les sens déguisés" dans le jeu (parfaitement lisibles par la langue des oiseaux, dont l'âme consiste à jouer "à ses guises et sur les sens", "à s'aiguiser sur l'essence"). On le voit, si une lame nécessite parfois un certain affûtage, en matière de lames de Tarot, il nous faudra surtout être à l'affût pour en suivre le fil !

Mais le plus extraordinaire reste encore dans la façon dont le Tarot organise son discours et son Savoir dans les arcanes majeurs. Ces derniers nous présentent en effet plus qu'un dessin, puisque celui-ci s'accompagne d'une case en l'air portant un nombre et d'une autre, en bas, affichant un nom. Assurément la langue des oiseaux est bien présente derrière cette organisation du "ça voir", car que dire de cette structure sinon qu'elle nous présente "la part du nombre, la part de lettres, et les dessins à voir entre les deux", c'est à dire "la part d'une ombre, la part de l'être, et les desseins à voir entre les deux".

Le Tarot nous présente ainsi sa façon de voir les choses ; une partie de la réalité dépendant d'une ombre, une autre dépendant de l'être et une grande surface de desseins entre l'une et l'autre. L'espace formé par un arcane de Tarot devient alors le lieux où se réunissent ces trois points de vue et le regard du Tarologue (la 4ème dimension du Tarot), qui amalgamés par une alchimie particulière permettront la divination (la juste vision des dessins).

Avec cet entendement, le Tarot de Marseille affirme clairement une structure organisée autour d'un double sens permanent dans la vision, et dans la lecture :

  • lecture de l'être au delà de la vision de lettres,
  • lecture des desseins à travers la vision des dessins,
  • vision d'une ombre dans la lecture du nombre.


Nous savons maintenant ce qui compose "l'âme du Tarot" : un autre Monde (l'être) derrière les apparences (dans l'ombre).