La septième paire complémentaire associe Le Chariot et Le Diable.

On prend la route avec Le Chariot, mais pour aller très loin : la complémentarité nous envoie au Diable.

Dans les deux cas, un chauffeur : pilote d'un véhicule dans un cas, chauffeur des enfers de l'autre.
D'ailleurs, les chevaux du Chariot ne sont-ils pas les prémices de cet "enfer" eux qui sont déjà "en fers" (à cheval) ?
Et puis, ne préfigurent-ils pas aussi les deux créatures sur Le Diable ? Comme elles, ils sont liés par le cou. Comme elles, ils sont réduits de taille par rapport au personnage central. Comme elles, ils ont une double apparence : féminine (cheval bleue et créature de gauche) et masculine (cheval rouge, créature de droite).

Est-ce que Le Diable serait ainsi la conséquence d'une certaine conduite ? Serait-il au bout d'un certain chemin ? "L'en fers" serait-il lié à une animalité mal maîtrisée ?

Continuons les rapprochements avec cet "en fer", cette fois au centre.
Sur Le Chariot, le personnage porte une armure, sorte de carapace... en fer.
Sur Le Diable, l'être central est bien nu en haut, mais il arbore un corset, forme d'armature métallique, ou disons en fer, lui faisant de faux seins. Ces faux seins pour du faux "lait" ? Si c'est du faux "laid", on arrive alors à une certaine beauté du Diable derrière toute sa "noirceur" de fausse "nourrice".

Il a bien raison de se protéger ainsi notre personnage du Chariot avec son armure. Il apparait bien jeune, mais il est déjà "chevronné" (les deux chevrons de son "art mûr"). Il saura maintenir sa route face aux pièges tendus au "novice" par celui qui nous parle de "nos vices", Le Diable : "le dit à bleu" (le bleu, une forme de novice).

Peut-être deviendra-t-il Diable lui-même, ce "roitelet" du Chariot... aux "roues attelées". Après tout, le diable, c'est aussi une forme de petit chariot !

Les personnages centraux ont d'ailleurs d'autres points communs en dehors de ce qui est "en fer" sur le "torse" et "enfer" de la "sorte". Chacun "règne" dans son "genre" : règne sur l'animal sur Le Chariot, règnes sur les genres, masculin et féminin sur Le Diable.
Chacun dispose d'une main de libre, et de l'autre ne tient pas franchement son instrument de pouvoir.
L'un est surmonté par le "dais", l'autre est les "dés" (du Bateleur, affichant "15", voir le Tarot du nombre).
L'un porte des ailes et l'autre se sent pousser des ailes à partir essaimer dans le Monde et à prendre la route.
L'un a la tête dans les étoiles (Le Chariot, nom de constellation et entouré par la lune et le soleil sur les épaules). L'autre est à la tête du royaume le plus sombre dans le ciel.

Finalement, il n'y a peut-être pas une différence de taille entre ces deux personnages... à preuve, leur taille est exactement au même endroit, leurs ceintures se superposent parfaitement !

Il ne faudrait peut-être pas non plus prendre Le Diable au pied de la lettre (il suffit de regarder les pieds de "l'être" sur Le Diable, que ce soit sur les créatures latérales ou sur le personnage central, ils ne semblent pas garantir une grande stabilité).
Rappelons-nous plutôt ses "cornues" (voir le Diable dans le Tarot animé) : instruments d'alchimiste. Associons-les aux initiales gravées sur le char : "S.M", comme "Soufre" et "Mercure". Si Le Diable incarne sans conteste ce qui "souffre" éternellement, avec le soleil sur son épaule, notre Chariot a la tête toute proche de celui-ci. Aurait-il une tête de Mercure, planète la plus proche du soleil ?

Il ne nous manquerait plus que le sel pour réunir avec cette paire complémentaire les trois principes de l'Alchimie. Je sens déjà la température monter (si le personnage est Mercure, le voici bien monté), car vous l'avez bien évidemment remarqué, le personnage du Chariot est quelque part... "en selle" (à moins que ce ne soit le sort des créatures sur Le Diable qui semble "scellé"... comme c'est laid !).

Alchimie quand tu nous tiens. Chariot quand tu nous guides. Diableries quand vous régnez si étrangement logiques... c'est tout ça le "se crée" du Tarot de Marseille.