La cinquième paire complémentaire associe Le Pape et L'Étoile.

Encore de "l'au culte", et pas n'importe lequel ! Avec Le Pape, c'est le sommet de la hiérarchie, l'image du plus haut guide spirituel (pour certains) qui rentre en jeu. Pour la première fois depuis le début des arcanes, plusieurs humains se partagent l'espace de la lame.
Le multiple ("le pas peu") n'est pas qu'en l'être, il est aussi dans la forme, avec autant d'innovations depuis le début des lames majeures : de face ou de dos, petit ou grand, entier ou en partie.

Du haut, du grand, du petit, du multiple voici tout ce qui marque Le Pape sur le chemin du Tarot. C'est aussi ce qui marque L'Étoile, début des noms d'astres dans le chemin majeur.
Du haut avec ce nom et ces points dans le ciel bien au-delà du Soleil, pour nous montrer ce qui est le plus loin et le plus inaccessible.
Du grand et des petits aussi avec une étoile bien plus grande que les autres.
Du multiple, car s'il est écrit L'Étoile, ce sont des étoiles qui nous sont montrées (8 étoiles, la forme du nombre de 17, voir dans le Tarot du nombre). Sur les côtés, les formes sont similaires mais c'est dans la couleur que se manifeste aussi le multiple : du rouge, du bleu, du jaune.
Serait-ce alors "les toiles" qu'il faudrait lire avec ce multiple ? Des toiles, des couleurs (ce qui n'est pas le cas dans la réalité quand on regarde les étoiles), ce qui serait dans le ciel serait-il une nouvelle illusion, comme une peinture ?

Que l'on vienne voir Le Pape, ou que l'on regarde L'Étoile la plus brillante (l'étoile du "berger", comme le personnage au bord de l'eau, au bord de "berge est"), c'est aussi dans les deux cas chercher un guide.
Un guide qu'il faut apparemment respecter. Le personnage de L'Étoile est visiblement agenouillé, serait-ce aussi le cas de ceux vus de dos sur Le Pape ? Cela expliquerait pourquoi ils sont si petits.
Avec cette notion de guide, voilà un point commun posé par le Tarot entre l'autorité spirituelle et le ciel, voire le cosmique. Respectons-le !

Et puis, il y a aussi ce jeu des coupes : coupes figurées dans les tonsures sur Le Pape, coupes en mains sur L'Étoile (voir également les formes du 5 et les formes du 8 dans le Tarot du nombre, les 4 lames concernées formant deux paires complémentaires). A chaque fois ces coupes prennent place en bas sur ce qui est agenouillé ou supposé comme tel.

Si les cheveux des personnages tonsurés repoussent (le personnage de L'Étoile nous présente les cheveux les plus longs du Tarot majeur), ce serait bien sous forme d'arbre à voir la superposition des lames ! Des arbres généalogiques peut-être... pour nous signifier ces personnages comme liés à la famille : des frères dans ce cas pour garder une référence "au culte".
Et la femme nue comme une Vénus sur L'Étoile, serait-elle soeur des étoiles : une Vénus (l'étoile du berger) du haut que l'on voit en bas, comme si elle était descendue... ou était plutôt une descendante. Il est vrai qu'une anagramme de "L'Étoile" est "Elle toi", comme s'il y avait une certaine familiarité réunissant le cosmique et l'humain. Et puis sur Le Pape, on a bien l'impression que les personnages de dos sont aussi "venus" voir leur guide.

Remarquons enfin que si cette complémentarité est bien parlante, les deux lames ne nous disent pas tout.

Sur Le Pape un bras surgit de l'extérieur, et la fin d'une main est masquée par la case du bas. Que comprendre ? Une intervention extérieure ? Une manipulation inachevée ? Le tout se finissant en dehors de la lame ou sous le nom.
Peut-être bien des symboles pour le travail que nous avons à faire sur ce qui nomme les arcanes : chercher des sens à l'extérieur, manipuler cette case du bas pour voir autrement derrière "Le Pape" ce qui est "appelé" (ou encore derrière "le nom de" nous a appris "Le Monde").

Et L'Étoile, nous dit-elle tout, elle qui est entièrement nue et ne semble rien nous cacher ?
Ici l'extérieur... est intérieur à la lame avec cette scène en pleine nature. Pas de bras extérieur, mais un bras de mer... qui se finit au-delà de l'espace de la lame. Et si ce flot, dont la fin reste à imaginer, semble prendre sa source au niveau du sexe du personnage, son sens est alors descendant. Un descendant qui nait d'un sexe féminin, nous revoici dans l'idée de filiation entre ce qui est "appelé" (L'Étoile) et ce qui est au sol.

Cette filiation Le Pape la connait bien, lui qui appelle ceux qui sont "venus" le voir "mon fils". Ces "fils" dont on ne voit pas le visage sont peut-être aussi ceux qui constituent la trame cachée dans ce qui est "appelé".