La quatrième paire complémentaire associe L'Empereur et La Lune.

Avec L'Empereur, voilà une deuxième version du pouvoir. Le Tarot nous répéterait-il la même chose que précédemment ? Certainement pas, considérons plutôt qu'il nous montre, par la vision double du pouvoir, un pouvoir de double vision !
Bien assise, L'Impératrice nous montrait le pouvoir comme régnant dans le jeu.
De profil, L'Empereur nous démontre que réellement ce pouvoir se profile dans les images. Le pouvoir est reconnu (le blason, signe de reconnaissance est passé derrière l'être), le sceptre, tenu fermement, est prêt à être transmis, un pied a quitté le sol. Tout cela signifie que la démarche de désillusion a vraiment commencé.
Avec "L'Empereur", "Plume erre" maintenant dans le jeu (elle traverse toute la largeur de la carte sur le couple impérial avec l'oiseau qui change de côté), Le Soleil a fait son office et "le père mûr" peut se montrer derrière "L'Empereur".

A ce niveau il s'agit de mettre en œuvre ses facultés pour arriver à percer les ténèbres. Car ce sont bien les ténèbres qui s'associent à L'Empereur avec son arcane complémentaire, La Lune.

Des ténèbres pourtant bien éclaircies avec cette paire qui associent deux des trois rimes du Tarot : L'Empereur rimant avec Le Bateleur, La Lune rimant avec La Roue de Fortune (la troisième et dernière rime associe L'Impératrice avec La Justice)... comme s'il fallait revenir sur ce qui a déjà été entendu.

Une fin qui revient, des mots qui s'associent pour une poésie du "ça voir", la rime tombe à point sur La Lune, où avec cette grande étendue d'eau, le "ça voir", il serait peut-être "l'étang" de "l'arrimer"... si "la rime est".

Arrimons-nous alors, et voyons que les deux arcanes laissent quelque chose derrière eux.

Dans les deux cas, le regard est tourné vers la gauche et la droite est délaissée. Sur La Lune, la tour à droite est fermée (le toit est couvert et il n'y a pas de porte), alors que celle à gauche est grande ouverte (aussi bien par des portes que par le toit). L'animal à droite, s'incline, la queue tombante. A gauche, il s'élève et la queue est recourbée vers le haut. De ces créatures, on peut dire "l'une" monte et "l'une" descend... comme La Lune dans ses cycles.

Sur L'Empereur, ce dernier tourne le dos à sa droite, et laisse tout son côté droit libre (main sur la ceinture, pied en l'air, voir également le 4 dans le Tarot du nombre). Il laisse derrière lui tout son "fauteuil"... pour un "faute oeil", celui qui n'a pas "l'oeil sel" ?

Ce qui est derrière eux, c'est aussi la fin de leur nom : cette rime, facteur d'association avec d'autres lames. Le Tarot ne s'en cache pas en laissant dans les deux cas une trace de l'écrit dans les dessins de ce côté : une feuille écrite et tournée dessinée dans le fauteuil de L'Empereur, qu'il a sous le coude, et la lettre "M" qui s'inscrit au-dessus de l'animal à la queue basse sur La Lune.

Quant à voir ce qui est écrit dans le sol, ce n'est pas oublié. L'Empereur touche presque du bout du pied le mot "IL" gravé au sol sous la seule plante (du pied ?) qui l'accompagne. Mais que fait "Il" là ? Peut-être un rapport avec la deuxième forme du 4 "IL", celui qui ne porte pas de nom (L'Arcane sans Nom). Ou alors peut-être un rapport avec ce 51 qui réunit les formes du 4 (voir le 4 dans le tarot du nombre) et qui en chiffres romains s'écrit "LI"... "IL à l'envers". Allez savoir avec le Tarot, tout est possible... "IL" est comme ça !

Sur La Lune, c'est de l'autre côté que l'on voit de l'écrit au sol avec comme un "11" incliné gravé sur le dernier rocher. Y aurait-il une certaine Force (onzième arcane) dans le sol ?
Je ne sais pas vous, mais moi j'en suis bien convaincu avec ces drôles de noms qui nomment les arcanes et se recoupent en rimes.

Ce royaume du noir que semble nous présenter cette paire complémentaire est à vaincre en retrouvant toute la poésie des mots. D'ailleurs, vaincre le roi noir n'est-ce pas ce que nous propose la dernière forme du 4 : Le Mat, fin des échecs où le blanc gagne la partie... la plus haute, la case du nombre où le noir n'a plus sa place, laissant ainsi l'infini de l'innombrable régner dans le clair.