Avec ce premier personnage franchement en mouvement et cette nouvelle référence au culte, le "taraud" du Tarot continue son discours sur le "pas sage", sur sa capacité à faire "des pas de vices". Il nous a fallu attendre la fin du nombre élémentaire, le dernier des 9 chiffres pour voir enfin le mouvement vraiment s'amorcer. Ce neuf, dernier des chiffres, le Tarot l'illustre avec du vieux et une lanterne rouge.

Avec L'Hermite, c'est aussi le retour en lettres : retour d'un nom d'être, retour d'une apostrophe pour nous héler et retour de l'évidence dans ce qu'il faut voir dans l'écrit.

Quelle évidence ? Mais celle d'une initiation particulière, de quelque chose modifié en "tête de lettre", d'une vision propre et hors du commun même si elle est fautive en apparence.

Ermite s'écrivant sans H, nous sommes là en présence d'une faute apparente. Le H, 8ème lettre de l'alphabet correspond à La Justice, 8ème arcane du Tarot. Cette faute aurait donc un rapport avec La Justice : le concept pour juger des fautes et en faire réparation.

Sans ce caractère en plus, qui permet dans l'ensemble des lettres du Tarot majeur au "G" d'être unique (voir La Justice dans le Tarot animé), l'"Ermite", non fautif, est une anagramme de "mérite" (et un "ermite" est bien un personnage ayant un certain "mérite"). Alors cette faute qui incarne le caractère de La Justice avec le "H", est-elle une faute qui "mérite" Justice ?

Certes, dans son mouvement, on peut dire de L'Hermite qu'il s'écarte de la lame précédente, ou en d'autres termes que son "son acheminement de la Justice s'écarte" et pour rendre Justice à ce mouvement : "son H mis ne ment, de la Justice c'est (la) carte".

On comprend mieux le "pas sage" : retrouver dans sa démarche comment réparer sa faute originelle et originale.

Mais attention, cette vision est bien une évidence et en cache d'autres (comme presque toujours dans le nom des arcanes à ce que l'on a pu observer depuis le début du jeu).
Rappelons le 6 (une forme retournée du 9) de L'Amovrevx pour se souvenir que certaines lettres peuvent en remplacer d'autres. Nous voyons avec évidence une lettre en plus, mais n'y aurait-il pas ici aussi plutôt une transfiguration avec un caractère remplacé par un autre ?

Il est vrai que "L'Hermite" ainsi écrit n'est pas très éloigné de "l'hermine". L'hermine, se singularise par une tache en bout de queue, une tâche noire sur un corps tout blanc qui l'empêche de se fondre complètement dans le décor neigeux. Une tâche qui vient en opposition avec tout le reste du corps, un peu comme "L'Hermite", homme de mérite, porte sa faute où qu'il aille.
C'est cette tâche qui fait de l'hermine le symbole de l'extrémité, de la fin (au point que l'hermine ait été choisie comme symbole du duché du Finistère... là où se finissent les terres)... comme L'Hermite à pour tâche de conclure les unités, d'être la fin des formes du nombre avec son 9.

Et puis l'hermine, c'est aussi une des deux fourrures en héraldique, le langage des blasons, ceux-là même présentés par l'écu sur L'Impératrice et L'Empereur : les deux précédentes apostrophes.
Même étymologiquement, "l'hermine" s'accorde avec "L'Hermite". Issu de "arménius", petit rat d'Arménie, l'origine nous propulse dans un pays évangélisé par un certain Grégoire l'illuminateur. Un personnage au culte qui illumine d'un côté et un Hermite avec une lanterne de l'autre, tout cela ne ferait-il pas un grand tout, où tout se mélange dans une vision et une écriture propre ?

"L'Arménie", c'est peut être aussi comme origine un des codes du Tarot : l'équivalence alphabétique des arcanes par laquelle L'Hermite correspond au "I" (9ème lettre)... ainsi ce "vieillard mène I" !

Messieurs les sceptiques sur cet hermine cachée, cherchez bien. N'avez-vous pas l'occasion de voir parfois cette fourrure de l'hermine ? Mais c'est bien sûr ! Cette fourrure pare les robes des magistrats... où l'on retrouve La Justice par ce coup fourré de L'Hermite !

Une lettre en plus, ou une lettre différente, la lumière que nous apporte L'Hermite, c'est une vision entière, il ne faut pas s'arrêter (d'où son mouvement) et juger sur les simples évidences. Avec la lanterne, il ne faut pas voir que la source de lumière, mais aussi le halo : des contours mouvants dans l'ombre. Il faut savoir associer celui "en quête" (L'Hermite) avec son moyen comme vision juste en tête (La Justice, qui "enquête" et symbolisée par le H en tête de lettres)

Allons même plus loin (même si l'Arménie ce n'est déjà pas la porte à côté). Controns l'évidence, cette lettre apparemment en plus ne cacherait-elle pas des lettres en moins. "L'Hermite", par exemple, un "Hiérosolymite" (HIEROSOLYMITE) : un habitant de Jérusalem, du coup, un peu diminué ? Ce serait alors un peu de "l'air mythe"" du juif errant que nous aurions dans la légende de ce personnage en mouvement.

Certes, l'hypothèse est hardie, mais que penser de cet autre terme peut-être dissimulé de la même manière : "L'Hiéronymite" ("L'HIERONYMITE") ? Un "Hiéronymite", adepte de Saint Jérôme, que viendrait-il donc faire là ? Saint Jérôme auteur de la Vulgate, traduction de la bible du grec et de l'hébreu en latin (une façon de "singer Rome") pour la rendre accessible au plus grand nombre, quel rapport avec notre Hermite ? Mais tout simplement rendre les textes et leurs secrets bien visibles à tous avec cette orthographe particulière.

J'en vois qui ont besoin de preuves à tout cela. Eh bien, trouvons-les : en prenant date avec L'Hermite ! Rendons justice à tout son caractère extrême, fêtons-le ! Si nous devions donner un jour à L'Hermite, lui qui incarne la fin comme l'hermine l'extrémité, ce serait bien le dernier jour du 9ème mois : le 30 septembre. Et là, surprise, c'est ce jour qu'est fêté Saint Jérôme, et encore plus troublant, le jour où, en Arménie, on fête Saint Grégoire l'illuminateur !

Oui, vraiment, cet Hermite-là mérite qu'on lui rende Justice. La lumière de sa lanterne, c'est l'éclairage autour de l'évidence, c'est sortir de l'ombre, le plus, le moins et le changement dans ce qu'il faut réellement lire derrière le nom des arcanes.
La faute que nous supposions en son nom, ce n'est pas la sienne, c'est la nôtre : avoir des pré-jugés (le H de La Justice, lame précédente, mis avant tout dans le nom) et ne pas s'ouvrir à une magie des sens autres, ne pas élargir son champ de vision en négligeant certaines hypothèses. Son "pas sage", c'est le passage vers le grand tout, quand tout les chiffres ont été posés, quand la démarche peut enfin commencer.

Et puis L'Hermite nous demande vraiment d'avoir foi en ses lettres et de ce qui peut en sortir. La somme de celles-ci fait 90 (12+8+5+18+13+9+20+5). Autant dire de la sommme de lettres que c'est dix fois son nombre (9×10= 90), et comprendre, en somme, que l'arcane nous "dit foi en son ombre", l'ombre étant bien sûr ce qui est porté au sol par l'éclairage.