Premier personnage de profil, L'Empereur est aussi le seul de tout le Tarot majeur à avoir les pieds blancs. Sa démarche est "en blanc", il a tout pouvoir sur ce qui est au sol.

Au niveau de la symbolique, ce pouvoir en blanc, c'est peut-être pour se détacher partiellement de ce qui est écrit avec ce pied levé qui rompt le contact avec la case de lettres : il faut savoir s'élever par rapport à la légende (ce qui est écrit en bas des lames), il faut savoir retrouver sa liberté, avoir carte blanche dans la lecture.

N'est-ce pas aussi ce que signifie cette position de profil ? Ainsi positionné, L'Empereur n'hésite pas à tourner le dos, à laisser quelque chose derrière lui.

Que trouve-ton dans son dos ? Un fauteuil ou peut-être bien plutôt un "faute œil", un œil qui lit (ou du moins lisait, car maintenant il est derrière soi) de manière erronée. D'ailleurs dans ce fauteuil, on peut voir sous l'accoudoir de quoi lire avec cette page tournée, marquée de lignes tel le livre de La Papesse. Eh oui, dans son dos, une page est tournée !

Derrière le personnage, on retrouve également un blason avec l'oiseau figuré, comme sur L'Impératrice. D'une lame à l'autre, l'oiseau a changé de côté, et est descendu vers le bas : dans cet empire régi par ce couple, l'oiseau traverse toute la lame... pour corriger notre "faute œil".

Elle erre dans le jeu, cette plume à lire et cette plume qui écrit. Au point que L'Empereur la porte dans son nom avec l'anagramme "Plume erre"... qui vient répondre à la "prime à l'écrit" de L'Impératrice.

Voilà pour ce qui est derrière l'être, mais devant que se passe-t-il ? Plus de sceptre inséminateur, celui-ci est tenu bien devant, presque éloigné, porté comme un "flambeau". Normal, de profil, L'Empereur nous montre son "flanc beau"... c'est vrai qu'elle erre vraiment cette plume de la langue des oiseaux : du "flanc beau" au "faute œil", pour un profil particulier dans la lecture comme dans l'écriture !

Ce sceptre aussi porte le symbole de l'antimoine (une croix surmontant un cercle) mais cette fois, pas de "Le Mat" dans le nom. Notre hypothèse de la relation atomique avec "Le Mat" par le 51 (numéro atomique de l'antimoine, voir L'Impératrice dans le Tarot animé) serait-elle fausse ?

Pas du tout, le sceptre n'est ni inséminateur, ni porté sur le corps comme sur L'Impératrice. Au contraire, il est bien devant. Peut-être ainsi ne pas y voir "Le Mat" cette fois comme intégré dans le corps de lettres, mais dans un rapport plus éloigné... juste devant.
Il est vrai que L'Empereur et Le Mat commence pareillement : par "LEM" (voir également le 4 dans le Tarot du nombre). Voici donc pourquoi cette fois l'antimoine est bien devant !
Peut-être même bien que le blanc du haut (case blanche de Le Mat) répond ainsi au blanc du bas, les seuls pieds blancs du Tarot majeur : ceux de L'Empereur.

Oui, il n'y a guère de doute, il semble bien que le "faute œil" corrigé doit voir sur ces deux lames impériales le "spectre" derrière le "sceptre", car spectre, Le Mat l'est bien, lui qui a perdu "son nombre" et "son ombre", lui qui est "vide en l'air" et "vie dans l'air".

Cette initiation commune (qui sera également reprise par "Le Monde", "le nom de" avec un personnage également à cloche-pied) devant vient en écho à la fin de L'Empereur : sa finalité en "EUR" qui le fait rimer avec le début du jeu, Le Bateleur. Avec cette rime, ce qui est ainsi dans le dos du nom des lames, chacun l'aura bien entendu !
Que reste-t-il alors au centre de L'Empereur ?
Les lettres "PER" exactement aux mêmes places que dans L'ImPÉRatrice (ou encore TemPÉRance, 14, l'autre lame finissant par 4). Voici donc que L'Empereur partage son cœur avec L'Impératrice, comme c'est romantique; un romantisme tout poétique avec sa finalité en rime.

Ainsi voilà un des secrets de L'Empereur : lui qui n'est pas vraiment debout est l'homme composé "de bouts"... dont le plus visible dans le dos  la fin avec sa rime en "eur" comme Le Bateleur.
C'est certainement pour cela que "Plume erre" avec "L'Empereur" : elle erre à la recherche de bouts pour recomposer les corps de lettres !

Bien sûr, on peut ne voir dans tout cela que du hasard. Pourtant cette première initiation commune nous met la puce à l'oreille car elle sera directement suivie par une autre ("Le Pape" qui commence comme "Le Pendu", puis encore par une autre (l'initiation commune par "MAL à l'envers, dans le "6 thème" composé de L'Amovrevx et La Maison Diev, voir ces lames dans le Tarot complémentaire).
Et après ? Finies les présentations en début de l'être, nous n'aurons plus cette particularité (hormis dans les autres lames concernées par ces initiations communes : Le Pendu, La Maison Diev, Le Monde, Le Mat).

Quels rapports avec le Hasard ? Curieux quand même que cette particularité se reproduise trois fois de suite sur les lames 4, 5, 6 comme si les débuts avaient une suite.
Curieux que ces positions 4,5 et 6, correspondent à une autre forme de répétition  le cœur de L'Empereur, la place des lettres "PER", elles aussi répétées aux mêmes positions (ce qui est là aussi unique dans le jeu).
Alors, existe-t-il des codes au cœur des lettres, au cœur de ce qui compose les noms, au cœur du Hasard quand on constate que cette suite 4-5-6 fait par la somme 15 (4+5+6)... ce fameux 15 des "az zahr", des dés (buts) du Bateleur : ce 15 qui semble tant régner comme démon du jeu (voir le Tarot du nombre). Un hasard qui va même jusqu'à afficher ainsi l'inverse de l'antimoine (15 vs 51), comme si le "spectre" de "Le Mat" était au cœur même (4-5-6) de toutes les diableries (15, Le Diable) du jeu quand on le parcours du début à la fin ou de la fin ou début, en tous cas dans tous les sens.