Tout dans cette lame finale du nombre semble libéré. Libres, les deux types d'ailes du Tarot le sont : l'oiseau pour la première fois envolé, et l'ange pour la première fois sans objets ! Liberté aussi pour les deux animaux : le lion n'est plus forcé, et le taureau affiche un franc sourire ! Libéré, l'être au centre, l'est aussi pleinement ! Comme l'Empereur, il a quitté en partie le sol (pied levé), mais n'est prisonnier d'aucun pouvoir et, nu, n'a nul besoin d'habiller ses apparences. Contrairement au Pendu, il connaît le bon sens et n'est plus prisonnier de la nature (arbres du gibet).
C'est cela qui nous fait penser que "Le Monde" se lit plutôt en "Le Mondé". Regardons le sens du verbe "monder" tel que défini par le Petit Robert : "nettoyer en séparant les impuretés". C'est ce que semble avoir fait les êtres car ils sont pour la plupart auréolés, marqués par un symbole de sainteté. L'être humain, pour sa part, non seulement est quasi débarrassé de tout vêtement, mais tout ce qu'il porte semble faire partie de lui-même (écharpe et objets en mains couleur chair). Surtout, le verbe monder s'applique à des graines et la couronne tressée a tout de l'oeuf ou de la graine dans la forme.
Le Mondé nous permet aussi d'accéder à "Mon dé" (dont la somme des six faces fait 21), et le Tarot fait alors référence à la table des matières du Bateleur. Que de chemin parcouru depuis. Ce qui était tenu et se trouvait en haut (denier sur le ventre et bâton dans la main), symboles respectifs de la terre et du feu, est passé en bas (le taureau pour la terre et le lion pour le feu). Ce qui reposait à table, coupes et épées, eau et air, se retrouve dans l'air haut (l'ange verseau pour l'eau, l'aigle pour l'air).